L'espace chante.
Rien n'est plus concret,
Plus envoûtant et
Plus juste
Que ce mystère.
C'est un chant de terre
Mélangé d'éthers et
De vents d'oiseaux.
Je danse les pieds
Dans le moût
De l'humanité.
Je danse les
Vapeurs animales.
Je suis du
Totem des chamanes,
Mon corps
Aime et la joie
Des feuilles du hasard est
Cette partitions divine.
Le mystère est las
De mes yeux ouverts.
Le ventre est l'interface
De la lucidité.
Pied posé ma jambe
D'équilibre sa hanche
Coincée par le bras
De ma main fermée
Empoigne la souche je
Danse l'arbre.
Grille de cil mon œil
De ciel file en nez
De bec mes serres
Serrées je suis
Crécerelle je danse
Vite et comme lui.
Partout mes poils
Racine de tête
Creusent et fouillent
Les diètes du jour
Mouillé d'obscures
Courants de sables
Les oeufs de larve je
Danse
Dans chaque trous.
Je danse je suis
Je suis je danse
Je ne suis plus
Rien d'autre que danse
Je danse ton corps
Et ton frisson
Je suis la lune
Je suis sortie
Je danse la joie
D'être l'éclipse
De mon poème
Je suis dehors
Je ne suis plus
Je danse seulement
Je danse le monde
Je suis enfui
Je suis enfin
Je suis je danse.
Coupcoupe machette faucille
J'avance coincé sous les branches comme
Je rampe
Mes jambes dans la terre mes hanches dans les feuilles crissantes que caressent mes mains outillées.
Je tourne assez vite pour un vent suffisant qui détournent mites et fourmies.
Mes dents plates piègent écrasent les tiques avant qu'elles ne piquent.
Le miel colle au plaies qui s'engluent chauffent griffés de rejets d'acacias.
Terreau partout je suis le cyclone aux gerbes de tiges vertes et mortes.
J'avance dans l'oeil de rire libre des sittelles.
Je suis la faune je suis l'écorce je suis beige et ombre l'odeur des truffes noire des terriers aux foins rares je suis le tanin de l'air de virus décomposés en broussaille de mycélium foisonnant je coupe la trace j'attend que loup me suive.
Soudain
Devant moi
Le ciel posé dans l'herbe
Des couleur montés dans
Le blanc des nivols.
Devant moi
La prairie rase des chevaux.
Il est cet l'état
Réservé aux sauvages, au sorciers et aux fous.
Le lazzi
Est une prière au cosmos.
Le lazzi
Est la disparition
Et
La révélation
De l'impensable vérité
Dans
La dimension originelle
Du Mouvant.
Le lazzi est
L'espace
Et le seul espace car l'espace
Est le fruit du Mouvant.
L'humanité
Est un Lazzi géant dans un cosmos foisonnant de dimensions
Que certains veulent éteindre avec un peu de sérieux tout de même.
Que devient le gymnaste qui comprend que
Sa grâce est faite pour être jugée ?
Comment jouera le footballeur quand
Il comprendra que frapper sa balle le soulagera,
À chaque fois,
de son enfance déloyale ?
Comment travaillera le comptable qui
Verra dans le prisme précis de ses larges lentilles,
Une analogie lourde et sourde,
S'installer dans sa conscience.
Il range et organise ses comptes car l'abstrait s'est substitué au concret et qu'il ne peut admettre
Que sa vie,
Est un noeud fait
D'autres noeuds.
Qu'en est-il du poète qui découvre que, dans son exercice narcissique de sa participation au monde, son verbe ne vient pas de lui et s'adresse à lui ?
L'envie va toujours là où le désir est impossible.
Le désir est une lune, astre mort, inaccessible et brillant, dans le ciel des obsessions.
Avec en plus
Ce désir de ne pas apprendre.
C'est certainement cela,
La maturité.
J'habite dans la forêt parce que la forêt est cet endroit qui n'existe plus.
Je préfère vivre dans un endroit qui n'existe plus,
Plutôt que dans un endroit qui n'existe pas.
Je parle bien évidemment de la fiction de l'humanité.
Dans ma forêt, je vois un chevreuil.
Nous nous regardons.
C'est-à-dire que nos regards échangent nos présences respectives, jusqu'à ce que nous ne soyons plus qu'une seule et même présence.
Nous entendons une voix, ou plutôt même une musique, ou plus justement encore une musicalité.
Nous nous retrouvons
Paisibles dans
Ce regard
Pluriel, à
Danser la curiosité monstrueuse de
L'étranger.
Je le voyais fier,
Et lui me savait nu.
Dans un acte poétique pur, ce
Chevreuil s'allonge face
À moi. Alors
Le temps explose le temps
Perd tout son sens.
Je suis l'espace, la forêt, la scène, un morceau de
Cosmos je suis
la matière la
force des champs.
J'ai une truffe.
À force de lenteur perceptive,
Le voici qui s'efface parmis
Les chênes, et
Disparaît
Dans
les
Parfums fauves du printemps me
Laissant coi, avec
Mes pensées hors gravité.
Je découvre alors que sa litière
Était un sol rafraîchi de narcisses.
J'apprends alors que
La sorcellerie
Est la peur
Des mondes qui
N'existent plus.
La poésie,
C'est le langage
Avant la parole.
C'est l'inconscient qui se trouve
Au delà,
Au deçà
De l'être quand il n'avait
D'inconscient
Que le nom.
C'est l'inconscient en amont
De sa création par supplantation
De la pensée identifiante.
Ne pas savoir nommer Ce qui est plus
évident que la terre que mes mains que mon ventre et tout ce qui me
traverse et m'anime je ne sais plus nommer ce qui N'est plus à
résoudre
Ne pas savoir Nommer l'amour Des êtres
de ma tribu ma famille ma terre mon air mon territoire mon histoire
de mon aïeul ne pas savoir nommer la matrice des Sauvage Où l'amour
n'est qu'une manifestation invisible et aussi évidente omniprésente
qu'une matrice du vivant des roches brûlées dans le cœur des vies
Sauvages
Être un chêne sentir la piste peur
d'une odeur chiffe du soleil sur l'ombre matinale d'un bruit
prédateur dans le crissement des bois être en toute dimension
fusionner l'espace ne pas savoir nommer entrer dans l'être concret
sauvage pour ne pas savoir nommer
Dire parler prononcer écouter Sauvage
Compter prévoir acheter perdre Sauvage Attendre conduire bâtir
prier Sauvage Image vidéo fringues bouffe Sauvage Sauvage Sauvage
Sauvage SAUVAGE !
Il y a dans l'invisible, une dimension plus concrète encore que le mystique.
Il y a dans l'invisible, l'interface d'une articulation qui lie
Qui lie l'être à son espace.l'être à son espace.
La parole est cette substance qui change l'essentiel en factuel Et
Détériore l'espace et le concret pour ne faire de la
Vérité
Qu'une triste chimère intellectuelle où
Fond rongée creusée trouée aBîmée
La beauté.
Je me suis moi-même perdu dans l'ivresse vertigineuse et
Raisonnable de
La poésie littéraire.
Une fois perdu et noyé dans le charbon social de la pensée,
J'ai pu constater ma
Mort organique et
L'extinction totale de mon lyrisme poétique.
Ce fut une extinction interminable.
Ce fut une disparition douloureuse
Dans une inconscience persistante.
Sortie de la matière,
Il ne restait plus que le mouvement nu :
« le mouvant ».
Mon ventre était son interprète,
J'étais son organe.
Tout n'était plus que Fantasia :
Lumière chaude articulant le corps et l'esprit dans l'interface du vivant, mon humanité était poète et
Ma parole maintenant
Est intouchable.