Impenser #

Et rendre à la parole

L'espace chante. Rien n'est plus concret, Plus envoûtant et Plus juste

Que ce mystère.

C'est un chant de terre Mélangé d'éthers et De vents d'oiseaux.

Je danse les pieds Dans le moût De l'humanité. Je danse les Vapeurs animales.

Je suis du Totem des chamanes, Mon corps Aime et la joie Des feuilles du hasard est Cette partitions divine.

Le mystère est las De mes yeux ouverts. Le ventre est l'interface De la lucidité.

Pied posé ma jambe D'équilibre sa hanche Coincée par le bras De ma main fermée Empoigne la souche je Danse l'arbre.

Grille de cil mon œil De ciel file en nez De bec mes serres Serrées je suis Crécerelle je danse Vite et comme lui.

Partout mes poils Racine de tête Creusent et fouillent Les diètes du jour Mouillé d'obscures Courants de sables Les oeufs de larve je Danse Dans chaque trous.

Je danse je suis Je suis je danse Je ne suis plus Rien d'autre que danse Je danse ton corps Et ton frisson Je suis la lune Je suis sortie Je danse la joie D'être l'éclipse De mon poème

Je suis dehors Je ne suis plus Je danse seulement Je danse le monde

Je suis enfui Je suis enfin Je suis je danse.

Coupcoupe machette faucille J'avance coincé sous les branches comme Je rampe Mes jambes dans la terre mes hanches dans les feuilles crissantes que caressent mes mains outillées. Je tourne assez vite pour un vent suffisant qui détournent mites et fourmies. Mes dents plates piègent écrasent les tiques avant qu'elles ne piquent. Le miel colle au plaies qui s'engluent chauffent griffés de rejets d'acacias. Terreau partout je suis le cyclone aux gerbes de tiges vertes et mortes. J'avance dans l'oeil de rire libre des sittelles. Je suis la faune je suis l'écorce je suis beige et ombre l'odeur des truffes noire des terriers aux foins rares je suis le tanin de l'air de virus décomposés en broussaille de mycélium foisonnant je coupe la trace j'attend que loup me suive.

Soudain Devant moi Le ciel posé dans l'herbe Des couleur montés dans Le blanc des nivols. Devant moi La prairie rase des chevaux.

Il est cet l'état Réservé aux sauvages, au sorciers et aux fous.

Le lazzi

Est une prière au cosmos.

Le lazzi

Est la disparition Et La révélation De l'impensable vérité Dans La dimension originelle Du Mouvant.

Le lazzi est

L'espace Et le seul espace car l'espace Est le fruit du Mouvant.

L'humanité

Est un Lazzi géant dans un cosmos foisonnant de dimensions Que certains veulent éteindre avec un peu de sérieux tout de même.

Que devient le gymnaste qui comprend que Sa grâce est faite pour être jugée ?

Comment jouera le footballeur quand Il comprendra que frapper sa balle le soulagera, À chaque fois, de son enfance déloyale ?

Comment travaillera le comptable qui Verra dans le prisme précis de ses larges lentilles, Une analogie lourde et sourde, S'installer dans sa conscience. Il range et organise ses comptes car l'abstrait s'est substitué au concret et qu'il ne peut admettre Que sa vie, Est un noeud fait D'autres noeuds.

Qu'en est-il du poète qui découvre que, dans son exercice narcissique de sa participation au monde, son verbe ne vient pas de lui et s'adresse à lui ?

L'envie va toujours là où le désir est impossible. Le désir est une lune, astre mort, inaccessible et brillant, dans le ciel des obsessions.

Avec en plus Ce désir de ne pas apprendre.

C'est certainement cela, La maturité.

J'habite dans la forêt parce que la forêt est cet endroit qui n'existe plus. Je préfère vivre dans un endroit qui n'existe plus, Plutôt que dans un endroit qui n'existe pas. Je parle bien évidemment de la fiction de l'humanité.

Dans ma forêt, je vois un chevreuil. Nous nous regardons. C'est-à-dire que nos regards échangent nos présences respectives, jusqu'à ce que nous ne soyons plus qu'une seule et même présence. Nous entendons une voix, ou plutôt même une musique, ou plus justement encore une musicalité.

Nous nous retrouvons Paisibles dans Ce regard Pluriel, à Danser la curiosité monstrueuse de L'étranger.

Je le voyais fier, Et lui me savait nu.

Dans un acte poétique pur, ce Chevreuil s'allonge face À moi. Alors

Le temps explose le temps Perd tout son sens. Je suis l'espace, la forêt, la scène, un morceau de Cosmos je suis la matière la force des champs.

J'ai une truffe.

À force de lenteur perceptive, Le voici qui s'efface parmis Les chênes, et Disparaît Dans les Parfums fauves du printemps me Laissant coi, avec Mes pensées hors gravité.

Je découvre alors que sa litière Était un sol rafraîchi de narcisses.

J'apprends alors que La sorcellerie Est la peur Des mondes qui N'existent plus.

La poésie, C'est le langage Avant la parole.

C'est l'inconscient qui se trouve Au delà, Au deçà De l'être quand il n'avait D'inconscient Que le nom. C'est l'inconscient en amont De sa création par supplantation De la pensée identifiante.

Ne pas savoir nommer Ce qui est plus évident que la terre que mes mains que mon ventre et tout ce qui me traverse et m'anime je ne sais plus nommer ce qui N'est plus à résoudre

Ne pas savoir Nommer l'amour Des êtres de ma tribu ma famille ma terre mon air mon territoire mon histoire de mon aïeul ne pas savoir nommer la matrice des Sauvage Où l'amour n'est qu'une manifestation invisible et aussi évidente omniprésente qu'une matrice du vivant des roches brûlées dans le cœur des vies Sauvages

Être un chêne sentir la piste peur d'une odeur chiffe du soleil sur l'ombre matinale d'un bruit prédateur dans le crissement des bois être en toute dimension fusionner l'espace ne pas savoir nommer entrer dans l'être concret sauvage pour ne pas savoir nommer

Dire parler prononcer écouter Sauvage Compter prévoir acheter perdre Sauvage Attendre conduire bâtir prier Sauvage Image vidéo fringues bouffe Sauvage Sauvage Sauvage Sauvage SAUVAGE !

Il y a dans l'invisible, une dimension plus concrète encore que le mystique. Il y a dans l'invisible, l'interface d'une articulation qui lie Qui lie l'être à son espace.l'être à son espace.

La parole est cette substance qui change l'essentiel en factuel Et Détériore l'espace et le concret pour ne faire de la Vérité Qu'une triste chimère intellectuelle où Fond rongée creusée trouée aBîmée La beauté.

Je me suis moi-même perdu dans l'ivresse vertigineuse et Raisonnable de La poésie littéraire.

Une fois perdu et noyé dans le charbon social de la pensée, J'ai pu constater ma Mort organique et L'extinction totale de mon lyrisme poétique.

Ce fut une extinction interminable. Ce fut une disparition douloureuse Dans une inconscience persistante.

Sortie de la matière, Il ne restait plus que le mouvement nu : « le mouvant ».

Mon ventre était son interprète, J'étais son organe. Tout n'était plus que Fantasia : Lumière chaude articulant le corps et l'esprit dans l'interface du vivant, mon humanité était poète et Ma parole maintenant Est intouchable.