pensées dans le mouvement

Il existe une question, confondue dans sa réponse et prise dans le cycle rétrécissant de l'extinction.

La poésie est une discipline qui dépasse la littérature. Elle est la trace d'un être qui puise dans un mouvement invisible, cherchant la trouvaille qui le transformera. La nature de cette transformation est de cette nature qui permet aux êtres de participer au monde dans sa musicalité.

Pour qu'un être trouve, il doit exister un décalage avec sa trouvaille, ceci afin qu'il l'éprouve. Avant qu'un être ne trouve, il sent cette divergence vis à vis du monde qui lui donne le sentiment de ne pas être en accord avec ce qui l'entoure. Il est comme une lavande échouée en pleine mer : Il doit résoudre et lancer ses racines au delà des eaux salée de la pensée.

Il doit résoudre. Il doit se résoudre parce qu'il est la fonction dynamique qui sort les trouvailles depuis l'univers abstrait. Il doit se résoudre soi-même et pour cela il Ne doit pas être volontaire. La volonté ne serait ici qu'un espoir voué à l’échec dans l'autorité concrète de l'absurde. Plutôt, il doit sentir, pour devenir puis devenir environnement dans la plus juste identification.

Ainsi est le mouvement de la trouvaille. Le poète vit ces introspections au-delà de lui-même, en deçà de son corps, afin de devenir ce mouvement qui le définit. Là est le poème en devenir : Une inspiration chamanique venue des dimensions Mystiques et animistes.

Puis arrive, portée par la plus fine fantasia, une faible lueur qui lui est inspirée. C'est là une vérité ineffable, une lucidité fulgurante d'une nécessité absolue : Le poème.

Il faut maintenant le porter aux destinataires ! Le trouvère n'est que le messager. Il doit dire.

La transposition de la trouvaille dans la dimension de la parole, est la blessure originelle du poète. En amenant la trouvaille tout à fait sauvage et naturelle dans la sphère du langage, celle-ci se trouve défigurée, bafouée, et devient fatalement inintelligible. Le poète, alors, se trouve à son tour incompris. C'est là sa destinée. Et plus tragique encore, le message qu'il portait sombre dans les abysses de la perversion des femmes et des hommes : leur culture.

Le poème tombe dans la fiction de l'humanité et sa nature concrète s'éteint absolument. La fiction de l'humanité n'aime pas les absurdités concrètes. Elle leur préfère le pragmatisme chaotique. Et par la masse et le poids de la culture le poème est écrasé d'insignifiance et désabusé par le privilège nostalgique d'un héritage littéraire, point d'ancrage d'un passé et d'un avenir confondu, idéal objectal du confort par l'inertie.

Le poète est charrié. Affublé d'une réputation d'être solitaire, incompris et insouciant, un fou même pas dangereux. Mais Il est en réalité un chaman, un acteur du cosmos, et L'être qui trouve le cosmos n'a plus besoin de la compagnie des êtres qui le méprisent.

Poète n'est pas un statut dans l'humanité, c'est une mission cosmique. Ce n'est pas un orgueil littéraire, c'est un bon usage de la chair, de son mouvement et une bonne considération de sa vacuité. Ces deux dernières phrases ne sont pas des mots, mais le poème d'Orphée charmant les enfers.

Et le poète ne peut être soulagé dans sa mission que lorsqu'il est considéré à priori de chaque trouvaille comme le spectre d'une loi cosmique mise en mouvement. Ce mouvement, c'est le vent qui touche le cil du poète, et ce vent restera le seul propos, invisible, de l'être qui trouve.

Sur la condition du poète contemporain, il existe une question, une réponse. Il existe une question, confondue dans sa réponse et prise dans le cycle rétrécissant de l'extinction. La pensée est chose morte. L'être trouve dans le mouvant Le vent des cils de son vivant et Dans le brouhaha de l'humanité Personne N'entend les chamans investir le silence.

Narcisse